7 autrices féministes à lire ou à relire

Written by Emilie

12 juillet 2022

Nü est une maison d’édition féministe dont l’objectif est de faire découvrir ou redécouvrir les femmes autrices emblématiques qui ont marqué leur temps. On a tendance à croire que si les femmes n’ont pas marqué l’Histoire, c’est parce qu’elles n’ont rien fait. Or, il n’y a rien de plus faux !

Des autrices féministes ont écrit, publié et diffusé leur pensée militante au fil des siècles. Les lire (ou les relire), c’est un acte militant qui s’ancre dans une démarche féministe que nous soutenons. Aujourd’hui, on vous propose donc de découvrir le parcours de 7 autrices féministes qui ont fait avancer les droits des femmes, à lire ou à relire sans modération !

Christine de Pizan (1364 – 1430)

Bon, en réalité, on ne va pas vous proposer de lire Christine de Pisan, car son ouvrage majeur, La cité des dames, date de 1405. A l’époque, la langue française n’avait pas vraiment la même base grammaticale qu’aujourd’hui … Toutefois, il nous paraît primordial d’avoir toujours en tête l’historicité des luttes féministes. Ainsi, il plus de 600 ans, cette femme est une des premières autrices à avoir vécu de sa plume, et ce n’est pas rien !

Son oeuvre est pionnière : dans La cité des dames, de Pisan met en avant des figures féminines et démontre en quoi l’intégration des femmes comme de réelles citoyennes égales aux hommes peut apporter à la société.

Marie de Gournay (1565 – 1645)

Avez-vous déjà entendu parler du livre Egalité des droits des hommes et des femmes ? L’autrice féministe et philosophe Marie de Gournay, qui vit elle aussi grâce à ses écrits, publie cet ouvrage en 1622. On surnomme généralement le 17ème siècle comme “Le Grand Siècle”, celui de tous les possibles (en Occident, c’est surtout un siècle majeur pour l’asservissement des populations indigènes avec la colonisation…), et à l’époque déjà , des femmes s’élèvent contre la subordination des femmes.

En effet, dans cet ouvrage, elle fait un état des lieux des différences hiérarchiques qui existent entre les femmes et les hommes, et invite la société à dépasser ces dernières, pour une égalité absolue entre les sexes (on ne parlait évidemment pas de genre ou de stéréotypes de genre à l’époque).

Olympe de Gouges (1748 – 1793)

S’il existe bien une autrice féministe qui n’a pas sa plume dans sa poche, c’est Olympe de Gouges. Cette militante publie en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, comme un pied de nez à la déclaration “officielle” de 1789, et comme un vrai appel à l’émancipation et à la rébellion. Olympe de Gouges publia également de nombreux pamphlets, et fait partie des figures emblématiques d’un féminisme intersectionnel. En effet, même si le terme n’existait pas à l’époque, cette autrice militait également pour la fin de l’esclavage des noir·e·s, en plus de combattre le patriarcat. Sa fougue et son engagement politique lui valurent la guillotine, en 1793.

Virginia Woolf (1882 – 1941)

Un lieu à soi (A room of one’s own en anglais) est un des ouvrages féministes les plus connus du 20ème siècle. Romancière britannique, elle publie en 1929 Un lieu à soi, à la suite de plusieurs conférences sur la place des femmes et leurs publications littéraires.

Si l’on ne devait retenir qu’un message de cette femme indépendante, c’est que si les femmes ont été moins présentes que les hommes dans l’Histoire, mais aussi dans la littérature, c’est parce qu’elles n’avaient pas de “lieu à elle” et d’argent. Pour Woolf, la condition sine qua non de l’indépendant est bien d’avoir un espace d’indépendance, pour pouvoir penser et produire, mais aussi une rente suffisante pour ne pas dépendre d’autrui.

Elle prend d’ailleurs exemple sur Shakespeare, génie de son siècle, et se demande ce qu’il aurait pu advenir de la soeur imaginaire de Shakespeare, si elle avait le même don que lui. Pour Virginia Woolf, cela ne fait aucun doute : la soeur de Shakespeare, en son temps, ne serait jamais devenue célèbre. Empêchée par une misogynie systémique, elle aurait été assignée au foyer et à la maternité, et si elle avait tenté d’écrire, elle aurait terminé seule, pauvre et folle.

Si les femmes sont moins célèbres et célébrées, ce n’est pas qu’elles sont moins intelligentes, c’est qu’elles sont empêchées.

Monique Wittig (1935 – 2003)

Monique Wittig se définissait comme écrivain. Bien que féministe, elle n’a jamais féminisé le nom de son métier : en effet, une partie de son oeuvre littéraire est dédiée au fait de dépasser le concept de genre (qu’on appelait d’ailleurs à l’époque rapports sociaux de sexe en francophonie).

La pensée straight, publié en 1992 et traduit en français en 2001, est une retranscription d’une conférence donnée en 1979. Wittig y développe l’idée d’un contrat hétérosexuel et permet d’apporter des réflexions Queer au féminisme francophone. 

bell hooks (1952 – 2021)

Savez-vous pourquoi on ne met pas de majuscule au nom de bell hooks ? Car cette autrice et militante féministe afro-américaine voulait que l’on retienne ses idées et non pas son nom. En effet, le féminisme blanc occidental a beaucoup à apprendre des féministes noires, à commencer par l’humilité.

En 1981, elle publie son premier essai, rédigé pendant ses études, Ne suis-je pas une femme?, dont le titre reprend le discours de Sojourner Truth, une esclave noire ayant vécu au 19ème siècle. Cet ouvrage majeur pose les bases du féminisme intersectionnel, grâce à une démonstration des liens entre capitalisme et patriarcat, mais aussi en mettant en lumière l’importance du vécu des femmes racisées, à une période où le féminisme blanc est le seul que l’on écoute.

On vous conseille également De la marge au centre, publié en 1984.

Yvonne Knibiehler (1922 – Actuel )

On termine ce tour d’horizon non exhaustif des autrices féministes par une historienne française, spécialiste de la maternité, encore vivante. Kniebiehler a travaillé à replacer l’enjeu de la maternité au centre des réflexions féministes de son époque, notamment grâce à un ouvrage publié en 2002, Histoire des mères et de la maternité en Occident. Impossible pour nous de ne recommander qu’un ouvrage de cette professeure émérite, lire Yvonne Knibiehler, c’est participer à la remise en avant de grandes chercheuses effacées par l’Histoire et peu mises en avant !

Cette historienne est également, selon ses dires, une “militante de la maternité”, pour une éducation à la maternité, et pour que chaque femme puisse choisir en conscience d’avoir ou non des enfants.

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